Alors là, pour m’énerver aujourd'hui, il va en falloir!!
Petit compte rendu de ma visite au gros troll du jour:
Profitant de l'attente du vendeur arrivant avec l'engin, je m'accordait une pause pipi aux toilettes municipaux face au lieu de rendez-vous, quand soudain le ronflement profond d'un 6 cylindre en ligne, 100% pur fonte, me fit sortir de ce sinistre endroit, manquant, au passage, de m'estropier la zigounette dans la fermeture Éclair.
Alors, je vis ce destrier mécanique, luisant de sa blancheur immaculée (ou presque), campé sur des jambes de trois pieds de haut, se stationner fièrement sur le bas côté d'en face; triste mine que faisait mon vieux Master, dans sa livrée plus que beige jaunâtre, arborant ses roulettes de jouet d'enfant, à proximité d'un tel vaisseau!
Brèves salutations de rigueur, et me voilà, à l'invitation du vendeur, chevauchant, que dis-je, escaladant la bête, levant plus haut la jambe que je ne m'en crus capable.
En son bord, la sellerie fort fatiguée et la décoration, aux couleurs d'un ancien régime royaliste au pire moment de son déclin, commencèrent, sur mon visage, à faire apparaître une moue d'hésitation sitôt étirée en un sourire béât, alors que le cocher fouettât ses chevaux, effet de la force d'accélération, sans doute.
Le bond en avant fulgurant, dans un rugissement sauvage, n'a rien de comparable aux autres coursiers, de musculature plus légère, que j’eus essayé avant. "- Du couple!", m'avait-on prévenu, mais que voilà un doux euphémisme! Mes viscères, collés au fond du siège - esquinté, toujours, et je compris maintenant pourquoi -, me firent donc ressentir les raison de cet avertissement!
Naviguant dans un doux ronflement, sans couinement, grincement, craquement ou autre, nous sortirent rapidement du bandeau asphalté, afin de trouver un revêtement plus avantageux pour les sabots de la bête. Nous nous retrouvâmes sur un chemin surplombant un pré, via un fossé de forte déclivité dont la profondeur augmenta quand mon chauffeur m'eût averti que nous allions y descendre.
- Là, dis-je, indiquant ce précipice qui ne cessait de se creuser.
- Oui, bien sûr, nous sommes là pour ça, me répondit ce fol cocher.
Nous arrivâmes en bas dans une facilité déconcertante et, après un petit tour de pré, nous firent face à l'obstacle, dont notre monture, hurlante et patinante, ne fit qu'une bouché.
Mon tour, enfin, de diriger la bête arrivé, et après un bref moment où, l'excitation aidant, m’emmêlant entre les rênes et le fouet, je manqua de justesse de nous écraser contre un mur, je pus alors profiter de tous mes sens des franches accélérations et de l'absence totale de sinistre vibration dans la moindre des commande, le point d'arrivée ne se rapprocha alors que trop vite.
Vînt le temps de faire le tour de l'animal, j’eus beau regarder sous ses jupes, je fus incapable de déceler la moindre trace de corrosion ou d'hydrocarbure. M'extasiant sur les diverses modifications, suspensions Trial-Master, ligne d’échappement inox, body-lift, renforcement du fond de caisse à la tôle de 3mm, puis pinaillant sur les quelques défauts comme une Durit de frein poreuse ou la bête refusant de s'endormir en actionnant la commande adéquate, nous nous accordons enfin sur une revue du tarif à 3800 €cus le remplacement de ladite Durit et le passage à la visite obligatoire chez le vétérinaire avec en complément un petit présent de la part de ce sympathique vendeur.
En effet, pour parer au risque que la bête ne m'abandonne, succombant à l'infarctus, chose que le vendeur me certifia d'impossible, il décida, malgré tout, de m'offrir un cœur, certes pas neuf, mais complet - bloc, démarreur, alternateur, turbo, pompe à eau, pompe à gazole- prêt à lui être greffé dans un cas extrême.
Prestement, je dégaina mon carnet de bons du Trésor afin de lui laisser une assurance, dans l'attente qu'il soit venu me livrer ce fier destrier.
Soit, vous l'aurez compris à la lecture de ce bref résumé, ce fut un réel coup de foudre.
En attendant, si vous avez pu lire cette prose d'un bout à l'autre, soit vous avez nombre de temps à perdre, soit vous avez vécu le même enflammement lors de votre première rencontre avec votre Troll. Donc, dans l'une ou l'autre de ces situations, vous serez ravi de m'aider en répondant aux certainement nombreuses interrogations que j'aurai à vous poser.
Je ne vous dis donc pas adieu, mais bien @+ !