IL OCCUPE toute la largeur de votre rétroviseur ?
Dérobe à votre vue les piétons qui traversent ? S'impose à coup de cylindrée puissante ? Vous êtes suivi par un 4 x 4.
Les véhicules tout-terrain fleurissent à Paris et ailleurs. Dans un marché automobile en récession, les ventes de 4 x 4 ont progressé de 10 % en 2003 et représentent aujourd'hui 4,6 % des immatriculations contre 1,3 % il y a huit ans.
« A Paris, au 1 e r janvier 2003, le parc des tout-terrain comptait 17 300 voitures, explique Raphaël Martins Dias, de l'Argus de l'automobile . Et beaucoup ne voient jamais les chemins de campagne. » Ce paradoxe nourrit des sentiments très partagés. « Les roues motrices ne se justifient déjà pas sur les routes de montagne, alors sur les pavés de la butte Montmartre... » s'énerve ce cycliste.
Autre inconvénient aux yeux des « anti » : « Toutes les voitures comme la mienne, qui ont le capot avant plongeant, se font défoncer par la roue de secours fixée au hayon arrière des 4 x 4 quand ils se garent », tonne Olivier, 34 ans, au volant de sa 206. Les seuls à aimer les 4 x 4 sont ceux qui les conduisent. « J'ai l'impression de rouler dans mon salon », sourit Omar, 41 ans.
« On me respecte sur la route » Les Parisiens sont-ils en train de s'aligner sur les Etats-Unis, où plus de la moitié des véhicules vendus aujourd'hui sont des 4 x 4 ? « Comme la répression de la vitesse détourne les automobilistes des modèles puissants et rapides, ils se singularisent aujourd'hui avec des tout-terrain, analyse Christian Gerondeau, président de la Fédération française des Automobile Clubs. L'autre motivation, plus féminine, est l'argument de la sécurité ». Effectivement, si Clémentine, 37 ans, a troqué sa petite Smart de location contre un Subaru, c'est « pour qu'on (la) respecte sur la route. Au moins là, je n'entends plus les mecs vociférer. » Au contraire... « Si vous saviez comme les hommes me regardent maintenant, sourit Sandra, 29 ans, autre adepte du tout-terrain. C'est ma façon, très confortable, d'en finir avec la guerre des sexes au volant. »
Article ecrit par Le Parisien , vendredi 19 mars 2004